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10 mai 2010 1 10 /05 /mai /2010 06:59

 

enregistré en mars 2007 au studio de Keith Jarrett.

ECM 2010-05-10

 

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Une histoire simple. Ils ne se fréquentaient plus 1977. Des « non amis » de trente ans. Quittés un peu fâchés, même, le leader du « quartet américain » ne supportant plus les comportement « addictifs » du bassiste qu’il avait embauché dans son trio dix ans plus tôt. Mais voilà, finalement, Keith n’est pas le sublime interprète de So Tender pour rien… Lorsque Charlie le contacte pour savoir s’il accepterait de recevoir l’équipe de tournage de « Rambling Boy », le portrait documentaire que Reto Caduff réalise sur lui pour la BBC, il accepte. C’est au tout début du mois de mars 2007. Autant le pianiste ne veut pas d’une situation où il aurait à parler en jouant, autant il accepte d’improviser deux ou trois standards en duo avec le contrebassiste dans sa grange transformée en studio. Huit jours plus tard, encore ébloui par l’évidence des retrouvailles avec un Charlie désormais « clean », Jarrett l’appelle et lui propose de revenir passer quelques jours dans sa maison du New Jersey pour mettre en boite quelques standards de plus. Juste pour le plaisir, sans intention de publication. Pour garder trace de la chaleur retrouvée. Ils passent trois journées à parler, jouer, trainer, échanger. Ils glissent de la salle à manger au studio et retour… Et se retrouvent convaincus d’avoir mis en boîte des moments de musique rare.

 

Une maturation simple. Trois ans de cave. Le temps d’échanger des suggestions sur ce qui est à garder et à rejeter. Le temps de trouver le bon assemblage, tant l’ordre des morceaux n’est pas évident, presque uniquement des ballades. C’est le pianiste qui finira par avoir une intuition à partir de l’accord inaugural de For All We Know.  Et suggérera d’enchaîner par Where Can I Go Without You, parce qu’il y entend l’un des solos les plus définitifs de sa longue carrière. Puis ce seront les deux pièces les plus courtes, puis les plus longues… Sans tenir le moindre compte des us et coutumes. Juste la conviction d’une nécessité. Charlie se rend à l’évidence, bon sang, mais c’est bien sûr. Il leur aura fallu près de trois ans pour décanter.

 

Une musique simple. La plus difficile, évidemment. Elle colle à la mélodie, se joue d’harmonies mouvantes comme les blés sous la brise de juin. La pulsation ? Juste un sens du « time » effrontément partagé par les deux hommes. Charlie ancre l’histoire dans la chair de la terre, Keith joue le cerf-volant maître des airs. Ça coule comme de l’eau de roche et le feu est intérieur. Une heure plus loin, c’est simple comme le bonheur.

 

Il y a peu d’albums de cette envergure dans une vie d’homme.  Alex Dutilh

 

 

Retrouvez la série consacrée par Alex Dutilh à Keith Jarrett sur Open Jazz 

et surtout la Nuit Spéciale consacrée Samedi 8 mai

 

 

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